Des dizaines de milliers de Roumains dans la rue contre l’austérité
LEMONDE.FR avec Reuters | 19.05.10 | 13h27 • Mis à jour le 19.05.10 | 17h23
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Une manifestation contre les mesures d’austérité du gouvernement roumain a rassemblé 30 000 personnes dans les rues de Bucarest mercredi 19 mai, jetant le doute par son ampleur sur la capacité du pays à satisfaire les exigences du Fonds monétaire international.
Le gouvernement, estiment des analystes, pourrait être tenté dès lors d’adoucir les coupes budgétaires prévues dans le plan d’austérité afin de ne pas heurter l’opinion publique, même si les prochaines élections législatives ne sont pas prévues avant fin 2012. La manifestation, qui a rassemblé enseignants, infirmières, retraités et employés des transports, est l’une des plus importantes depuis la chute de la dictature en 1989.
La mobilisation fait figure de premier test pour un gouvernement centriste élu il y a seulement six mois, qui devra faire preuve de sa détermination à adopter des mesures d’austérité, condition sine qua non à l’obtention de l’aide internationale requise pour sortir le pays de la récession.
LA CRAINTE D’UN "SCÉNARIO À LA GRECQUE"
Les syndicats, qui espéraient 60 000 participants, devraient décider d’ici à jeudi de l’organisation d’une grève générale, a dit Marius Petcu, responsable d’un des plus grands syndicats du pays, CNSLR. "Les manifestations vont être pires que celles qu’a connues la Grèce", a prédit une retraitée de 62 ans, Maria Ungureanu, qui joignait sa voix aux appels à la démission du président Traian Basescu lancés par les manifestants. "Il faut protester violemment pour renverser le gouvernement. Je suis prête à mourir dans la rue, peut-être que mes enfants et mes petits-enfants auront une meilleure vie", a-t-elle ajouté.
Contreparties de l’aide du FMI, les mesures d’austérité touchent de plein fouet les travailleurs et les retraités et les manifestations dans ce deuxième pays le plus pauvre de l’Union européenne, font craindre un scénario à la grecque. L’aide de 20 milliards d’euros du FMI est vitale pour permettre au gouvernement de résorber un déficit budgétaire démesuré. Bucarest s’est engagé à réduire de 25 % les salaires des fonctionnaires et de 15 % les retraites pour répondre aux exigences du FMI et recevoir de premiers prêts.
Le FMI a annoncé qu’il verserait la prochaine tranche d’aide après la mise en place d’un plan crédible pour ramener le déficit budgétaire à 6,8 % du PIB. Il s’élevait à 7,2 % en 2009 et pourrait atteindre 9 % si rien n’est fait, a mis en garde le FMI. Le secteur public roumain, critiqué pour son inefficacité et sa corruption, emploie un tiers de la population active. La Bulgarie voisine, l’Etat membre le plus pauvre de l’UE, tente également de réduire de 20 % les dépenses publiques afin de maîtriser son déficit budgétaire.
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