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Les régions montagneuses et forestières dans l’espace arabo-méditerranéen et leurs transformations à travers l’histoire The mountainous and forest regions in the Arab-Mediterranean space and their transformations throughout history

Si les régions montagneuses ont attiré l’attention de nombreux chercheurs dans divers champs et disciplines en vue de comprendre les spécificités de l’environnement et les transformations sociales et économiques dans ces régions à travers l’histoire, les différentes approches qu’ils ont faites et proposées tendent à s’intégrer et à se rejoindre tant dans l’analyse des transformations actuelles que dans l’évaluation des résultats des programmes de développement et les mécanismes de contrôle dans le domaine montagnard : tout ceci dans la perspective d’une sortie de la spirale régressive de la paupérisation et de la marginalisation.

par Loïc Le Pape

par Emanuele G. - dimanche 5 août 2012 - 7115 letture

Les régions montagneuses et forestières dans l’espace arabo-méditerranéen et leurs transformations à travers l’histoire, Béja (Tunisie) : 25, 26, et 27 avril 2013.

Argumentaire :

Les régions montagneuses présentes dans tous les pays arabes et méditerranéens occupent fréquemment une part importante de leur territoire, par exemple au Maroc et en Italie. Ces montagnes et ces chaînes de montagnes varient au niveau de leur structure géologique et formes de relief, puisqu’il est possible de distinguer entre les anciennes montagnes et celles de composition moderne et entre les petites montagnes et les chaînes de montagnes imposantes (à l’instar des montagnes du Haut Atlas et les montagnes Ouanchariss).

Les caractéristiques climatiques et végétales varient d’une montagne à l’autre : il y a des montagnes boisées et arrosées, notamment tout au long des côtes de la Méditerranée (exp. en Grèce), et des montagnes nues limitrophes du désert comme le Tassili (Algérie) et la chaîne du Hajer (Oman).

Ces ensembles montagneux présentent des variations considérables du point de vue des densités et des formes d’occupation humaines. Certains se caractérisent par de fortes (voire très fortes) densités (ex. la Kabylie en Algérie et le Djebel Nefoussa en Libye), tandis que d’autres apparaissent sous-peuplés, ou même quasi vides, notamment dans les régions à climat aride (ex. le Djebel Oueslat en Tunisie et les montagnes de Musandam au nord du Sultanat d’Oman). Cependant, les types de peuplement et de mise en valeur ne résultent d’aucun déterminisme physique rigide : des régions voisines, aux conditions naturelles similaires, peuvent présenter des contrastes remarquables au niveau des modes d’occupation et d’exploitation des ressources naturelles ainsi que des dynamiques sociales endogènes.

D’une manière générale, à l’échelle du Maghreb comme de l’ensemble du Bassin méditerranéen, les principaux massifs montagneux ont de tout temps constitué des zones d’attraction et d’intense activité humaine, tandis que les zones de plaines, souvent insalubres, constituaient plutôt des zones d’occupation temporaire (ou des réserves) pour des groupes de population dont le territoire de base se situait en montagne. Il s’agit là d’un modèle d’organisation spatiale totalement différent de celui qui prévaut dans la plus grande partie de l’Europe septentrionale et surtout en Chine, où des plaines très densément peuplées s’opposent à des montagnes sous-peuplées, situées aux marges des grandes entités politiques ou territoriales. Enfin, il convient de rappeler que certaines régions de très hautes montagnes, en dépit de la rudesse de leurs conditions naturelles, ont été des foyers de civilisations aussi riches qu’anciennes (cas du Tibet ou des Andes sud-américaines).

Les régions montagneuses ont toujours occupé une place fondamentale dans l’histoire du monde arabo-méditerranéen. Si le siège du pouvoir étatique et les territoires sous contrôle effectif se situaient le plus souvent sur les hautes plaines intérieures ou le littoral, les montagnes proprement dites constituaient des bastions de résistance (ou dissidence) et de rébellion : « Bilad Assiba » (Régions insoumises) ou « Pays insurgé », selon les sources. Elles étaient également un lieu de refuge pour les fugitifs recherchés par les autorités, les aspirants au pouvoir et le lieu de déclenchement de nombreux soulèvements. Il ne faut pas oublier qu’à travers les âges, ces régions montagneuses étaient la base de la résistance armée contre les envahisseurs en général. Les livres d’histoire et les mémoires retiennent les batailles qui s’y sont déroulées, depuis les temps anciens jusqu’à nos jours.

Il est certain que depuis le milieu du XIXe siècle et pour maintes raisons (notamment les bouleversements liés à la mainmise coloniale sur de nombreux pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée), les fonctions politiques et socio-économiques des zones montagneuses dans le monde arabo-méditerranéen ont profondément changé. La concentration des dynamiques de développement sur les régions de plaines et les zones urbaines a contribué à la marginalisation des zones de montagnes, progressivement converties en réservoirs de main-d’œuvre et zones de refuge pour les populations paupérisées, condamnées le plus souvent à ne survivre qu’au prix d’une exploitation destructrice des ressources naturelles (notamment les forêts). Si les gouvernements et certaines institutions et organisations internationales, gouvernementales et non gouvernementales sont intervenus depuis les années 1950, pour réaliser différents programmes de développement et l’intégration de ces zones dans le système national de développement, ces interventions ont généralement manqué de cohérence et n’ont pas réussi à réduire le chômage, la pauvreté, l’analphabétisme et l’isolement ... Pour cela la plupart des régions montagneuses sont devenues jusqu’à nos jours des zones marginales et répulsives pour la population, y compris dans les pays de la rive nord de la Méditerranée.

Néanmoins, ces régions jouent par ailleurs un rôle croissant en tant que foyers d’émigration, contribuant aussi bien à de profondes recompositions socio-économiques qu’à l’émergence de dynamiques et de stratégies sociales autonomes conduisant (du fait du maintien de liens étroits entre les migrants et leur région d’origine) à de véritables initiatives locales de développement. Ceci étant, la gravité de la situation et des conditions de vie dans certaines de ces régions a probablement favorisé la multiplication des mouvements de résistance contre les gouvernements centraux ou même des mouvements « terroristes » (ex. les mouvements salafistes jihadistes au Yémen et en Algérie) utilisant les montagnes comme lieux stratégiques ou bases de repli.

Si les régions montagneuses ont attiré l’attention de nombreux chercheurs dans divers champs et disciplines en vue de comprendre les spécificités de l’environnement et les transformations sociales et économiques dans ces régions à travers l’histoire, les différentes approches qu’ils ont faites et proposées tendent à s’intégrer et à se rejoindre tant dans l’analyse des transformations actuelles que dans l’évaluation des résultats des programmes de développement et les mécanismes de contrôle dans le domaine montagnard : tout ceci dans la perspective d’une sortie de la spirale régressive de la paupérisation et de la marginalisation.

Compte-tenu de l’importance et de la complexité de toutes ces questions, il est possible de les étudier à partir des cinq axes thématiques suivants :

1. Les caractéristiques fondamentales des régions montagneuses de l’ensemble arabo-méditerranéen et leurs spécificités, à travers une approche interdisciplinaire (histoire, géographie, économie, anthropologie…) : contraintes et potentialités naturelles, modes d’occupation et d’activité humaines, structures sociales et politiques, insertion et place dans les courants d’échanges, relations avec le pouvoir central…

2. Contribution et rôle des régions de montagnes et de leurs populations à travers l’histoire, et les facteurs de leur marginalisation économique, sociale et politique surtout depuis le XVIIIe siècle : exploitation fiscale, domination coloniale, déclin ou chute des empires, guerres et recompositions politiques, révolution industrielle et développement inégal ; réponses des populations (migrations, etc.)…

3. Les politiques et programmes de développement des zones de montagne depuis les années 1950 : conception, impact socio-économique réel, contradictions.

4. Les perspectives d’un authentique développement durable et endogène des régions montagneuses, en fonction des récentes mutations internationales, régionales et nationales : conservation des ressources naturelles et de la biodiversité, adaptation ou refonte des systèmes de production locaux, conditions d’une participation réelle des populations et acteurs locaux (producteurs ruraux, migrants, associations, etc.)…

5. Les caractéristiques générales des modes d’occupation, d’exploitation des ressources et de gestion de l’espace dans des régions de montagne extérieures à l’ensemble arabo-méditerranéen, abordées dans une optique comparative : dimensions environnementales, logiques économiques et sociales, tendances actuelles…

Modalités de sélection des propositions :

Les participants désirant présenter une communication sont invités à remplir une fiche d’inscription (formulaire ci-joint) et un résumé de la communication, à envoyerpar courrier électronique à l’adresse suivante : tunisian.mediterranean.associ@gmail.com avant la fin du mois de Novembre 2012.

Les propositions seront examinées par le comité scientifique de l’Association Tuniso-Méditerranéenne pour les études historiques, sociales et économiques, qui établira la liste de celles qui seront choisies et retenues. Les participants recevront avant le 8 décembre 2012, une réponse à leurs propositions.

La liste des membres de ce comité est la suivante : Dr Aziz BEN TALEB, Dr Gérard FAY, Dr Khaled NOUICER, Dr Kadria EL BENDARY, Dr Brahim Mohamed SAADAOUI, Dr Yves GUILLERMOU, Dr Hichem NAIJA, Dr Mohamed CHADLY, Dr Edinam KOLA, Dr Adel BEN YOUSSEF, Dr Kouamé René ALLOU, Dr Sohier Safwat, Dr Koffi Nutefé Joseph TSIGBE…

• 1. Les textes des communications seront à renvoyer pour le 10 avril 2013. Une publication est envisagée à l’issue du colloque.

• 2. La publication pourrait être bilingue ou multilingue. Si vous pensez rédiger votre article en arabe, en français, ou en d’autres langues, il faudra nous fournir un résumé en anglais et vice versa. Vous êtes libre de travailler sur des textes et documents rédigés dans d’autres langues. Dans ce cas, vos citations doivent pouvoir être incorporées sous format WORD et accompagnées d’une traduction en arabe ou en anglais.


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