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En France, le gouvernement a décidé de sacrifier la culture

Partout, dans le Monde, on reconnaît la France pour sa culture, son histoire. Pourtant, face au virus, le gouvernement a décidé de mettre à l’arrêt des milliers d’acteurs, musiciens, techniciens et tout le monde du spectacle et de la nuit.

par Emanuele G. - mercredi 25 novembre 2020 - 4602 letture

Brevissima nota in italiano : L’autore tratteggia con rara sintesi e senso di analisi la situazione francese a seguito dell’espandersi dell’epidemia di Covid-19. Egli pone l’accento sul fatto che in Francia, come in Italia, si è deciso di sacrificare la cultura. Un quadro oggettivo della Francia di oggi ben riuscito e costruito.

Bref retour chronologique, avant tout. Cela fera bientôt un an que ce virus est entré dans notre vie. Pour ma part, les premiers échos venant de Chine me parviennent à la fin du mois de décembre 2019, quand ils atteignent la centaine de malades. Une brève dans un journal. Personne ne s’inquiète. Le premier malade est repéré à Wuhan le 17 novembre, mais l’OMS ne sera informée de la gravité de la situation, qu’un mois et demi plus tard, le 31 décembre. Elle mettra encore neuf jours pour lancer une alerte internationale. Le 9 janvier 2020. C’est ce jour-là, qu’un premier décès est officialisé en Chine. Il faudra encore attendre le 23 janvier pour apprendre que la maladie est transmissible par l’homme. Le 11 février, l’OMS nomme officiellement la maladie : "maladie à coronavirus 2019 (Covid-19)". Un mois plus tard, le 11 mars, on ne parlera plus de petit virus, mais de pandémie !

En France, rétrospectivement, on pense avoir détecté un premier malade le 16 novembre 2019, soit, à un jour près, au même moment qu’en Chine. Le président français Emmanuel Macron, aurait été averti par l’ambassadeur de France à Pékin, de l’émergence de l’épidémie en Chine, dès le 15 décembre. Pourtant, aucune réaction, ni précaution n’est prise, ici, à cette date. Les semaines passent, jusqu’à mi-janvier où la ministre de la Santé Agnès Buzyn, déclare que le risque d’introduction en France est faible, mais toutefois, non exclu. Et que notre système de santé est bien préparé. Il s’avérera très vite que c’est totalement faux. Mauvaise gestion des masques, pénurie de gel hydroalcoolique et de tests, lits d’hôpitaux manquants, personnel insuffisant, etc. Elle sera remplacée un mois plus tard par Olivier Véran, qui s’enfonce dans des déclarations rassurantes, mais infondées. Alors que les premières mesures de confinements sont annoncées en Italie, le 21 février, cinq jours plus tard, le match de football entre l’Olympique Lyonnais et la Juventus de Turin est maintenu, avec l’accueil de 3 000 supporters turinois à Lyon.

Arrêtons nous-là, dans cette brève rétrospective et concentrons nous sur le milieu de la culture et des véritables ravages qu’elle va subir, à partir de ce jour fatidique du 29 février 2020, qui va signer petit à petit, son arrêt de mort. Ce jour-là, le stade 2 est déclenché, lors d’un Conseil des ministres exceptionnel. Les manifestations de plus de 5 000 personnes en milieu fermé, sont interdites au niveau national, jusqu’au 31 mai.

La spirale se met en place. Les Zénith et autres grosses salles de spectacles reportent quelques concerts. De mon côté, je travaille avec certaines de ces salles et je me vois annuler quelques campagnes de promotion pour des artistes français, comme Maître Gims, Patrick Bruel, Muriel Robin, Dadju, Jean-Louis Aubert, M... Début mars, la salle communique, et les producteurs sont plutôt confiants. Les dates prévues entre mars et mai, sont reportées en juin ou en octobre, pour ceux qui ont des plannings chargés. Ceci ne concernant que les grosses jauges, donc peu d’artistes. Mais le 9 mars, alors que l’Italie étend son confinement à tout le pays, le couperet tombe en France, avec l’interdiction des rassemblements à plus de 1 000 personnes. Pour beaucoup de salles, c’est la fermeture obligatoire, tout simplement, avec tout le casse-tête des reports, qui deviendront pour certains, des annulations pures et simples, au fil du temps. Les annonces des producteurs s’enchaînent et le moral commence à baisser, comme notre charge de travail. Jusqu’au 12 mars où tout s’arrête avec l’interdiction réajustée à 100 personnes maximum.

Le 14 mars, tous les lieux publics doivent fermer, mais on laisse les gens aller voter, le 15 mars, pour le 1er tour des élections municipales. Incompréhension générale.

Le lendemain, la France est confinée pour deux semaines, qui se prolongeront finalement jusqu’au 10 mai. Rideau.

Les premiers jours sont difficiles. Je tourne en rond, je passe mon temps sur les réseaux sociaux et les sites web, à la recherche d’informations. Tout est noir. Un scénario catastrophe. Habituellement, je passe mes matinées à parcourir la région, à l’air libre. Affichage des concerts et festivals ou autres distributions de programmes. L’après-midi, je m’occupe de la promo et recherche de concerts pour les groupes de notre association "Le comptoir musical". Cette année, on a décidé de la jouer rock avec Cigàny Möhawk et Factory Girls, fraîchement arrivés dans l’équipe. Et entre tout ça, j’écris quelques chroniques pour le magazine musical bimestriel, Francofans, ou des nouvelles, parfois éditées.

L’affichage, plus question, bien entendu. Le booking ? Ce serait indécent d’aller démarcher les programmateurs, quand ceux-ci sont en train de s’arracher les cheveux entre les annulations et les reports à mettre en place.

Malgré les désistements (encarts pubs annulés, sorties d’albums reportées, agenda perturbé...), Benjamin, mon rédacteur en chef et toute l’équipe de Francofans, parviennent à maintenir la sortie de ce n°82. Il en sera de même pour les suivants. Mais à quel prix ? J’arrive encore à trouver l’inspiration pour écrire mes chroniques de disques ou de livres autour de la musique, mais pour ce qui est des nouvelles, rien. Je n’ai aucun jus. Ca ne sort pas. Un jour, je lis que l’écrivain David Foenkinos, non plus, n’arrive plus à écrire. Ca devrait me rassurer. Finalement, c’est le contraire.

Arrivé fin avril, début mai, on reprend tous un peu espoir. Le cauchemar se termine. On s’appelle souvent entre collègues intermittents du spectacle. On se motive, on se rassure. Certains sont plus touchés que d’autres. Moralement et financièrement.

Puis arrive le 11 mai, on est enfin libres ! Mais pas tout à fait. Les festivals en plein air annoncent leur annulation, jour après jour. Ca tombe comme un château de cartes. Hellfest, Les Francofolies, Les Vieilles Charrues, Les Escales... Nada. Sans compter les milliers de petits festivals, partout en France. Nouvelle restriction jusqu’au 31 août. Tous les rassemblements sont interdits. Nouveau coup de massue. On comprend très vite que la rentrée risque également d’être compromise.

Entre temps, bonne nouvelle, le statut d’intermittent est prolongé jusqu’au 31 août 2021. Cela permet aux musiciens, techniciens et autres personnels du spectacle, de profiter d’indemnités journalières, les jours où ils ne travaillent pas. Cela permet de patienter, le temps que la crise perdure. Mais il ne faudra pas que ça s’éternise, sinon, beaucoup de personnes resteront sur le carreau.

Depuis le début de la crise, on entend très peu le ministre de la Culture, Franck Riester. Quand il parle, c’est pour ne rien dire. Aucune perspective. Des discours inutiles qui ne font qu’amplifier l’angoisse de chacun, sur l’avenir. La colère monte. Le 6 juillet, il est remplacé par Roselyne Bachelot. On l’a connue ministre de l’Écologie, de la Santé, de la Jeunesse et des Sports, la voici maintenant à la Culture. Autant dire qu’on n’en attend rien de plus que son prédécesseur. Malheureusement, ça se vérifiera au fil des semaines.

Durant l’été, nous reprenons la route de l’affichage pour une semaine. Deux campagnes pour un magazine et de l’art contemporain, en Bretagne. C’est très peu, mais ça permet de nous redonner un peu d’espoir pour la rentrée. Pourtant, dès septembre, ça se dégrade. Les reports de tournées deviennent des annulations, pures et simples. Octobre, c’est la reprise. Enfin ! La salle de musiques actuelles de Saint-Nazaire, Le Vip, rouvre ses portes et programme quelques concerts avec toutefois les distanciations obligatoires, ce qui réduit énormément la jauge de spectateurs et donc la difficulté d’arriver à un équilibre financier. Sans parler des contraintes. Mais tout le monde revit. L’affichage reprend à un petit rythme de croisière, mais on y croit.

L’espoir sera de courte durée. Le 30 octobre, le pays est confiné de nouveau. Les bars et restaurants fermés jusqu’à nouvel ordre, dont beaucoup d’entre eux organisaient des concerts et faisaient donc vivre un grand nombre d’acteurs du milieu culturel. Le gouvernement décide la fermeture de tous les commerces non-essentiels !?! Que veut dire non-essentiels ? On ferme aussi les librairies et les cinémas, qui peinaient déjà à retrouver leur public. Veut-on la mort de la culture ? Pour certains, c’est déjà trop tard.

Encore une fois, on laisse les supermarchés ouverts et les métros bondés, mais on ferme les petites structures, qui font des efforts considérables pour éviter la propagation du virus. Comment ne pas y voir un choix politique ?

Les dommages collatéraux seront énormes. La culture en France, rapporte sept fois plus que l’industrie automobile, autant que l’industrie agroalimentaire, soit 58 milliards de valeurs ajoutées. Elle génère près de 700 000 emplois, fait vivre nombre de fournisseurs, mais aussi des commerces, hôtels, épiceries, restauration... Et tout le secteur du tourisme. Des faillites en très grand nombre sont prévisibles, des suicides également. Il ne faut pas le nier.

Elle permet aussi aux jeunes des quartiers ou d’ailleurs, de s’enrichir intellectuellement, mais on constate dès la rentrée, une baisse massive des inscriptions dans les associations culturelles et sportives. Que vont devenir ces jeunes, livrés à eux-mêmes ? Pour la plupart, sans surveillance, dans la rue, là où, de plus, les distanciations nécessaires sont les moins respectées. Et le manque à gagner pour ces associations, ne sera-t-il pas préjudiciable au moment d’engager de nouvelles dépenses pour les prochaines activités ? Les bénévoles qui les font vivre, n’auront-ils pas tout simplement baissé les bras ?

Début novembre, les artistes internationaux commencent à reporter les tournées en 2022, faisant abstraction de l’année 2021. Personne ne croit plus à une reprise de l’activité dans les prochains mois. Le printemps, refleurira-t-il ? J’en doute. L’été, sera-t-il chaud ou au chaud ? Dernier message d’Eric Boistard (directeur de la salle Stéréolux à Nantes) le 18/11/2020 : "Voilà, nous n’attendons pas la fin de la réflexion pour savoir si les messes seront autorisées. Depuis mars, nous sommes prévenus 24 h à l’avance de la conduite à tenir. Il n’est plus possible de continuer comme cela. Rendez-vous l’année prochaine. Bonnes fêtes de fin d’années déconfites."

Dans mon questionnement permanent du premier confinement, au printemps 2020, j’étais très pessimiste et je n’imaginais pas une réelle reprise avant l’automne 2021. On me prenait pour un fou. Il ne manquerait plus que, bientôt, on me prenne pour un optimiste...

Eddy Bonin - Saint-Nazaire (France) - 19/11/2020


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